Résister

Resistiré para seguir viviendo*

Nous avons longuement cherché le titre de ce chapitre. La guerre en Espagne a imprégné le cinéma espagnol de mille façons différentes, pourtant, nous ne voulions pas dire guerre pour parler de ces films-bijoux…
Les 4 films de ce chapitre parlent de la guerre, c’est vrai, mais ils disent surtout la force et la pugnacité de celles et ceux qui ont résisté.
Un chapitre étonnant, composé de films documentaires et de films de fiction, pour dire au plus près la réalité de la guerre, les fracas et les silences qu’elle laisse derrière elle…

La Marseillaise des ivrognes

de Pablo Gil Rituerto

documentaire

France, Espagne, Italie | 2023 | 1h36

En 1961, sous le régime franquiste, une équipe de tournage composée d’ethnomusicologues italiens part sur les routes du nord de l’Espagne pour récolter des chansons populaires de la résistance. Les enregistrements clandestins sont alors minutieusement récoltés et répertoriés. Près de quarante ans plus tard, une nouvelle équipe de tournage revient sur les pas de ce groupe intrépide et offre un second souffle aux bandes sonores d’origine. Les témoignages d’hier croisent ceux de notre époque et les voix des artistes d’aujourd’hui qui réinterprètent en groupe ou en toute intimité ces chants de résistance. LP.

Le Silence des autres

de Almudena Carracedo et Robert Bahar

documentaire

Espagne | 2018 | 1h36

En 1977, deux ans après la mort de Franco et dans l’urgence de la transition démocratique, l’Espagne vote la « loi d’amnistie générale », aussi connue comme « le Pacte de l’oubli », qui libère les prisonniers politiques mais interdit également le jugement des crimes franquistes. Comment reconstruire une nation et des individu·es soumis·es depuis toujours à la loi du silence bien que victimes des crimes et exactions du régime franquiste ?
Tourné durant 6 ans, ce documentaire à la fois intense et pudique offre un éclairage sur le passé mais aussi le présent d’un pays fracturé. À travers les portraits et la persévérance de citoyen·nes rescapé·es du franquisme, nous découvrons la lutte bien actuelle d’un peuple voisin, contre l’oubli et l’indifférence, pour la vérité et la justice. Un film poignant, sobre et absolument nécessaire. LP.

Prix du Meilleur film documentaire, Goya 2019

Land And Freedom

de Ken Loach

avec Ian Hart, Rosana Pastor, Iciar Bollain

Royaume-uni, Italie, Espagne, Italie | 1995 | 1h45

1936 – David, jeune chômeur de Liverpool décide de rallier les forces républicaines en Espagne pour lutter contre le franquisme. Ken Loach, fidèle à lui-même, prend le parti des Républicains, en s’appuyant sur les rêves et les luttes d’une petite brigade cosmopolite et fraternelle. Ce bel élan révolutionnaire fait naître (ou perpétue) en nous l’espoir en l’humanité. Des personnages forts et attachants (Icíar Bollaín ici en tant qu’actrice avant ses superbes réalisations – en autres -). Avec Ken Loach nous savons que même si l’Homme est vaincu parfois, le fascisme n’est pas une fatalité : « ¡ no pasaran ! ». CA.

Sélection officielle, Cannes, 1995

Surcos (Les Déracinés)

de José Antonio Nieves Conde

avec Luis Peña, Maria Asquerino, Félix Dafauce

Espagne | 1951 | 1h44

La dictature franquiste des années 50 n’ignorait pas que le cinéma était un spectacle à même de nourrir l’imaginaire collectif. Contrôle et répression sont ainsi de mise lorsque Surcos (“les sillons”), aujourd’hui considéré comme l’un des meilleurs films espagnols de l’après-guerre, sort sur les écrans. Et quel parcours ! Vivement critiqué par l’Église et le pouvoir (et donc par le public) de par son aspect documentaire proche du néoréalisme, le film relate l’histoire d’une famille regagnant la ville à la recherche d’une vie meilleure, comme des milliers de familles espagnoles le firent à cette époque.
Surcos parvint presque miraculeusement à passer entre les ciseaux de la censure, et fut même sélectionné en compétition à Cannes de 1952. OC.

Sélection officielle, Cannes, 1952