Regards Féminins

« woman gaze »

C’est le grand chapitre de ce festival, le fil rouge et le fil conducteur. Ou plutôt conductrice ! Car il s’agit bien là de montrer un cinéma qui ne se laisse pas dicter de codes mais propose une seconde vision du monde.
C’est 5 films vous donnent à voir autre chose : des regards féminins.

L’Affaire Nevenka

de Icíar Bollaín

avec Mireia Oriol, Urko Olazabal, Lucía Veiga, Carlos Serrano

Espagne, Italie | 2024 | 1h52

À la fin des années 90, Nevenka Fernández, 25 ans, élue conseillère municipale à Ponferrada, est victime de harcèlement moral et sexuel de la part du maire de la ville, le charismatique et très populaire Ismael álvarez. Malgré l’isolement dans lequel elle se trouve, elle décide de dénoncer ses agissements et lui intente un procès. Inspiré de faits réels, le film retrace le combat de la jeune femme pour sa dignité face à l’emprise et à l’environnement patriarcal et machiste dans lequel elle évolue. L’actrice, Mireia Oriol, est impressionnante, personnage complexe à la fois fragile et déterminé qui réussit à s’imposer en dépit de la pression sociale, vingt ans avant l’arrivée de la vague MeToo. DE.

Festival Lumière, 2024

Un Amor

de Isabel Coixet

avec Laia Costa, Hovik Keuchkerian, Luis Bermejo

Espagne | 2024 | 2h09

Natalia, la trentaine, se retire dans un village de la campagne espagnole pour échapper en télétravail au quotidien stressant de la ville.
Le film nous installe dans la vie de ce village, de ses habitant·es, d’un chien, de ses rituels, jusqu’au coup de sonnette d’un habitant venu lui faire une proposition directe. Peu à peu se dévoilent, l’air de rien, les relations en profondeur loin des clichés bien-pensants sur la vie à la campagne. On y suit aussi toutes les déclinaisons de l’effet de cette arrivée d’une femme seule sur les habitant·es, particulièrement les hommes.
L’intensité qui se dégage d’un regard profond sur le quotidien du village et le développement loin des conventions de l’histoire d’amour en fait un film fort sur, oui, la nature humaine. IA.

Prix du meilleur second rôle, Festival de San Sebastian 2023 / 7 nominations dont Meilleur film, Goya 2024

Eva en août

de Jonas Trueba

avec Itsaso Arana, Vito Sanz, Isabelle Stoffel

Espagne | 2019 | 2h05

Par son titre, par le proverbe écrit en début du film, par son sujet, cette lumineuse chronique d’un été, se situe dans la filiation d’Eric Rohmer. Une jeune femme, Eva, décide
de passer le mois d’août à Madrid dans un appartement prêté par un ami. Elle veut prendre le temps de s’interroger sur elle-même et de devenir « une vraie personne ». Elle accueille l’imprévu et le provoque aussi.
Le film, sans enjeu dramatique, est une merveilleuse errance, faite de rencontres et de douces réflexions sur la vie. Un magnifique portrait de femme porté par une actrice éblouissante. NT.

Prix de la Meilleure interprétation féminin, prix du meilleur scénario, Festival du film espagnol Cinespaña de Toulouse 2019 & Nomination au Meilleur film étranger, Césars 2021

Gary Cooper, que estás en los cielos

de Pilar Miró

avec Agustín González, Carmen Maura, Mercedes Sampietro

Espagne | 1980 | 1h38

Au début des années 80, les réalisatrices espagnoles se comptent sur les doigts d’une main. Pilar Miró en fait partie. Avant de mener la plus grande réforme du cinéma espagnol (permettant par exemple l’essor du cinéma indépendant), elle réalise Gary Cooper, que estás en los cielos. Ce film va à l’encontre de tout ce qui caractérise alors le modèle féminin du franquisme : “bonne patriote, bonne chrétienne et bonne épouse”. Il raconte 3 jours de la vie d’une réalisatrice de télévision renommée qui se voit diagnostiquer un cancer de l’utérus qui l’empêchera d’avoir des enfants. Elle décide face à cette situation de passer sa vie en revue. Le personnage d’Andrea marquera les esprits en incarnant la femme moderne de la transition démocratique espagnole. OC.

Prix de la Meilleure actrice, Festival international du film de Moscou 1981

Segundo López, aventurier urbain

de Ana Mariscal

avec José Luis Alonso, Matilde Artero, Mariano Azaña

Espagne | 1953 | 1h20

Ana Mariscal est une des rares cinéastes espagnoles à être parvenue à tourner pendant la période franquiste. Actrice et pionnière dans le domaine de la production et de la réalisation, elle réalise Segundo López, son premier film, comédie inspirée et rare film néoréaliste du cinéma espagnol. Celui-ci raconte l’histoire d’un homme d’Estrémadure qui décide de vendre son modeste commerce familial et de partir à Madrid (toujours ravagée par la guerre) pour tenter sa chance. Il va y apprendre les péripéties de la ville pour un homme trop gentil et rencontrer un adolescent errant avec qui il va se lier d’amitié. Un film étonnant, parfois foutraque, ce qui le rend drôle et vraiment attendrissant. OC.