de Carlos Saura avec Chico Buarque de Hollanda, Caetano Veloso, Mariza, Camané, Lila Downs, Amalia Rodrigues // Espagne / Portugal – 2009 – 1h25
Carlos Saura utilise l’image pour décrire le fado, musique populaire née sur les docks de Lisbonne et qui s’est étendu de l’Angola au Brésil. Il réintroduit au cœur du chant la danse qui, à l’origine de sa création, était présent. Il met en scène une grande variété de fados, des racines africaines et brésiliennes aux interprétations de la jeune génération en passant par les icônes du genre. Fados mêle dans une symphonie de la voix et du corps les grands interprètes de ce style musical .
Un voyage à travers l’âme du fado. Le film est construit comme une succession de petites scènes sans commentaires où seule la musique et la danse ont leur place.
Séance unique :
Vendredi 16 Mars // 20H15
Présentation d’Agnès Pellerin – Fados de Carlos Saura : pluralité ou fusion ?
Lorsque Carlos Saura tourne son film sur le fado, celui-ci n’est pas encore reconnu par l’UNESCO « Patrimoine immatériel de l’humanité » (2011). Néanmoins, le film est pleinement partie prenante de cette volonté de « reconversion » patrimoniale d’un genre longtemps stigmatisé, né au début du XIXème siècle, et associé à la vie des bas-fonds de la capitale – avant de devenir, notamment via la voix d’Amália Rodrigues, une icône du pays.
Filmé majoritairement en studio, utilisant quelques rares archives, et s’appuyant sur les grands noms actuels du fado de scène, le film extrait un substrat qui sert de base à une suite de panneaux dont l’intention esthétique est la dominante. La question demeure, donc, de l’importance sociale de la musique, de la place des communautés fadistes qui font vivre au quotidien le sens profond de ses poèmes, sa dimension solidaire et collective – bien loin de ce qu’Alfredo Marceneiro appelait « le culte de la voix » qui, disait-il, « fait oublier la lettre ».
Sorte de cousin ibérique du flamenco, le fado a perdu, contrairement à ce dernier, son lien historique à la danse, et Saura cherche ici à le réinventer, afin d’intégrer le film dans la continuité de ses précédentes productions sur les « musiques d’allers retours », selon son expression, que sont le flamenco et le tango. Il nourrit son regard, qu’il veut pluriel et métissé, d’évocations de genres musicaux issus des anciennes colonies portugaises, qui mettent en jeu certaines persistances « luso-tropicalistes ».